«L’idée et le sentiment de crise dominent aujourd’hui les préoccupations
de tous. Bien que le caractère de cette crise demeure confus, il
apparaît de plus en plus nettement qu’elle n’affecte pas seulement
l’économie planétaire, mais qu’elle modifie aussi la structure
traditionnelle des sociétés, porte un coup sévère aux idéologies
politiques, dévalorise les vertus patriarcales, ridiculise les diverses
formes d’autorité. Le monde essoufflé par une progressive usure
attendait une révolution, c’est une mutation qui s’annonce. Et sur les
ruines encombrantes du travail, de l’argent, du crédit politique, de
l’autorité, d’autres valeurs se font jour, qui annoncent une
humanisation de la nature en général et de la nature humaine en
particulier, laissant entrevoir la fin d’une ère et les prémices d’un
nouveau style de vie. L’Adresse aux vivants précise la frontière sur laquelle s’affrontent désormais une civilisation moribonde et une civilisation naissante.»
Né en 1934, licencié en littérature romane, Raoul Vaneigem a construit
une œuvre à mi-chemin de la littérature, de l’histoire et de la
réflexion philosophique. Ses livres ont eu une influence sensible sur le
mouvement des idées de ces trente dernières années. L’Adresse aux vivants
rappelle, dans un style décapant, que le bonheur est une idée neuve et
qu’il faut en finir avec le renoncement de soi dans lequel l’économie et
le travail (l’horreur économique…) nous ont plongés. L’homme a mieux à
faire : affiner sans cesse sa propre humanité, œuvrer à l’harmonie de
son désir de vie, sans laquelle il ne peut y avoir d’harmonie
universelle.